13 – de La Paz aux salars

Il est enfin temps de quitter La Paz, je suis conscient que le moment le plus incroyable de mon voyage va surement se dérouler dans les prochaines semaines. Je quitte assez tard la capitale  (beaucoup de Boliviens considèrent que c’est la capitale mais en fait c’est Sucre qui est moins classe je trouve). La sortie de la ville est plus facile que l’entrée (à 16h). J’ai seulement le temps de rejoindre avant la nuit le village de Tolar (pas fait exprès). Difficile à croire mais dans ce village quasi désert, il existe deux hôtels : un luxueux, un autre moins. Arrivant dans la nuit, je choisis celui proposant des chambres à 35 BOL (5€), l’hôtel très calme est tenu par une famille entière (les parents et les deux jeunes fils) qui est très serviable. Petite inquiétude le lendemain matin car mon pneu arrière est dégonflé. Il faudra impérativement trouver des chambres à air à la prochaine ville (Oruro). J’y arrive le lendemain soir. Je décide alors de rester deux nuits le temps de bien me préparer car il s’agit non seulement de la dernière ville mais également du dernier accès internet avant deux ou trois semaines. En plus de ma préparation liée à la portion des salars et du Sud Lipez (derniers détails des possibles itinéraires, réglages de ma balise GPS), je dois également me pencher sur un tout autre aspect : ma rentrée académique qui commence d’ici deux mois (logement, vœux de filière etc). Après avoir prévenu mes proches de mon absence prolongée, je me lance alors cette aventure bolivienne avec une petite appréhension puisque je n’ai pas réussi à dénicher de nouvelles chambres à air ! Toutes celles dont je dispose comportent au moins une rustine…

On comprend d’emblée que l’on quitte la civilisation, les petits villages croisés n’offrent aucun service d’hôtel/restauration. Dans le petit village d’Opoqueri, je me fais accueillir par une famille bolivienne : une mère et ses deux filles. Elles sont assez bavardes surtout la cadette qui veut me parler toute la soirée. Elle me confie qu’elle est gauchère (« zurda ») et que pour cette raison elle est considérée comme « bizarre » à l’école. Elle tient particulièrement à me raconter les mythes et légendes incas concernant la formation des salars d’Uyuni et de Coipasa. J’ai compris qu’il s’agissait de l’histoire d’une « maman volcan » qui ne trouvait plus son petit et qui se mis à pleurer et perdre le lait qui devait nourrir son enfant. Le mélange du sel de ses larmes et la couleur de son lait donnèrent alors naissance au plus grand désert de sel du monde. Malgré son très jeune âge (10 ans), j’ai été très impressionné par la maturité dont elle faisait preuve ! Elle comprenait qu’il y avait une forte barrière linguistique et s’efforçait de trouver des mots plus simples voire de faire deviner les mots inconnus avec beaucoup de patience.

Le lendemain alors que je continue dans la direction des salars, je fais la rencontre d’un Argentin qui rentre chez lui. J’en profite pour lui faire part de mes craintes sur les démarches d’entrée dans le pays par la « triple frontière » à Jama (Bolivie/Chili/Argentine). S’ensuit alors une situation originale : il improvise le tracé d’une carte rudimentaire dans le sable pour m’indiquer les différents postes frontière. Il me confirme que je n’aurai pas à descendre à San Pedro pour les démarches chiliennes.

Arrivé à Sabaya, un petit village, dernière étape avant les salars, je me mets en tête de sympathiser avec la patronne d’un petit restaurant pour pouvoir éventuellement y passer la nuit. Mais un homme semble vouloir m’aider et me propose de dormir à l’abri dans une remise chez lui. J’hésite mais finalement je décide d’écouter mon instinct, il n’est pas trop insistant après tout. Son chien aboie beaucoup en revanche en ma compagnie, mais une fois accepté en tant qu’ami de son maitre, il s’arrête aussitôt. Le lendemain, réveil assez tôt : plutôt que de prendre la direction Sud vers le Chili, j’emprunte une petite route vers l’Est : Direction la route des salars !!

P1050178