9 – Tentative par la Sierra

C’est le moment de dire au revoir à l’Equateur. La frontière (La Balsa) située dans les Andes, matérialisée par un pont est peu fréquentée. Je passe d’abord par le poste d’immigration équatorien pour obtenir le tampon de sortie. De ce côté, il n’y a pas de problème. En revanche, de l’autre côté de la frontière, le bureau est désert. Certains me disent alors que le douanier se trouve dans le bar en face. A moi donc d’aller lui faire savoir que j’ai besoin de faire tamponner mon passeport.


Après ce petit contretemps, je m’engage enfin sur les routes péruviennes. Les paysages n’ont bien entendu pas évolué, la grosse différence qui m’interpelle d’abord c’est la présence de nombreux « taxis-tricycle-motos », des sortes de Touc-touc de toute les couleurs.

Mon objectif est d’arriver avant la nuit au prochain village, San Ignacio. Sur la route, je croise des enfants qui me demandent d’où je viens. En entendant « Colombia », ils semblent impressionnés : pour eux c’est à l’autre bout de la planète, ils n’ont presque jamais quitté leur village…

Je ferai ensuite étape à Jaen une grande ville, l’occasion de me reposer un jour et de profiter des « comidas rapidas » (hamburger etc) scandaleusement peu chères.

J’ai bien fait de me reposer car d’ici peu de temps, les choses sérieuses vont débuter.
Arrivé à Chiple un petit village, les locaux me conseillent d’attendre le lendemain pour repartir car la pluie survient généralement en fin d’après-midi. Comptant me rendre à Cutervo, on me prévient que la route n’est que partiellement asphaltée mais on me rassure : à cette époque la route est ‘bonita’. Je me lance donc le lendemain de bonne heure à l’assaut de cette route non asphaltée mais ‘bonita’ !

Les difficultés ne tardent pourtant pas à arriver. Une coulée de boue a eu lieu dans la nuit et en a fait profiter la route sur une bonne centaine de mètres.
Je dois donc franchir cette portion peu agréable en poussant le vélo dans une boue assez visqueuse. Les touristes d’un minibus également coincé m’assurent que c’est l’unique passage difficile jusqu’à Cutervo.

M’arrêtant peu après pour nettoyer mon vélo dans une petite rivière, je suis rejoint par un autre minibus qui visiblement a connu le même sort. Le conducteur me prête gentiment une éponge et nous nous mettons à nettoyer nos véhicules respectifs.

Je me remets alors en route avec un vélo tout propre. Je m’arrête à midi à Santo Domingo de la Capilla, un petit village. Me rendant dans un petit restaurant, je réalise qu’il s’agit de la pause déjeuner des écoliers. Je me retrouve donc à partager la table d’une dizaine d’enfants de 8-10 ans. Malheureusement, ils étaient tellement intimidés qu’une fois avoir demandé « Vous revenez de l’école ? » et obtenu un ‘si’ de la part du plus courageux, le dialogue s’est arrêté là 🙂

La fin de journée se révèle être aussi dure. La route est en très mauvais état avec de fortes pentes. Ce sera à Cutervo que je déciderai de rejoindre la côte pacifique pour une route de meilleure qualité.

Le lendemain, je me dirige donc vers Huambos. Etant encore dans la cordillère, le relief est assez soutenu. Dans un petit village (Cochabamba), des locaux me disent qu’il me reste une heure de montée « no mas » (pas plus). Mon application m’indiquant 42km de pente, je suis alors curieux de savoir quelle distance cela représente pour eux. L’un me dit 10km tandis que son collègue me dit plutôt 15km (il y a du mieux…). Mais le détenteur de la palme m’annoncera sans gène 3km !!!

Je me lance alors dans l’ascension du col. Sans surprise, au bout d’une heure, je n’étais pas en haut. La nuit étant proche, je fais étape alors dans le village de Huambos. Une fête semble se préparer et dès 20h, un défilé d’enfants débute dans les rues. Je demande alors à des gens l’origine de cette procession. Je n’ai pas tout compris (je comprends d’abord qu’il s’agit d’une sorte de kermesse dédiée aux enfants) mais je me rends compte alors que nous sommes le mercredi 24 mai. Il doit très probablement s’agir d’une fête en l’honneur du jeudi de l’ascension. Aucun moyen d’en être certain (je ne suis plus sûr de la date), et de peur de demander confirmation (je passerais pour un païen!! ^^), j’assiste alors au défilé sans savoir de quoi il s’agissait…

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Pour rejoindre Chongoyape le lendemain, ce sera ensuite que de la descente !! Les nuages m’ont d’ailleurs rejoint dans la journée.

La première surprise en arrivant dans un hôtel à Chongoyape, ce sera un très sympathique comité d’accueil sur le lit : une sorte de cafard/grillon. Peu enclin à envisager tout un stratagème sophistiqué pour faire sortir en vie la bête de la chambre, je saisis sans trop réfléchir une chaussure et règle rapidement le problème. Mais en me baissant pour ramasser le cadavre qui a glissé sous le lit, je me rends compte que l’horreur ne fait que commencer : je me retrouve en effet nez à « nez » avec une demi-douzaine de congénères en vie !!

Je me rends compte après inspection que la chambre en contient une bonne dizaine !! Je réaliserai en fait que les trottoirs et les murs de la ville en sont infectés !! Plus tard dans la soirée, les propriétaires d’un restaurant me donneront de savants conseils pour tuer « proprement » ces insectes. Ceux-ci, ainsi que le grand-père de 92 ans (qui en paraissait 60) voudront d’ailleurs discuter toute la soirée! Une discussion assez mémorable puisqu’elle marquera le moment de ma vie où j’aurais enfin compris l’emploi du terrible subjonctif imparfait de la grammaire espagnole. Comme quoi…

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Les Andes sont maintenant loin derrière

Le relief ayant maintenant disparu, la suite est plutôt rapide. Après avoir fait escale à Patapo où je suis rapidement entouré par des enfants qui n’avaient jamais vu un vélo aussi chargé, j’arrive à Chiclayo un jour plus tard, une des plus grandes villes du Pérou. J’ai notamment pour but de faire régler le dérailleur de mon vélo, mais le seul réparateur de vélo que j’ai pu trouver semblait plus préoccupé à nettoyer et faire briller mon vélo que de régler ses dérailleurs. Enfin bref, au moins j’ai un vélo tout beau, tout propre.

C’est parti maintenant pour la route panaméricaine jusqu’à Lima !!