10 – La côte pacifique

Ça y est : je me lance sur la route panaméricaine sur la côte Est du Pérou. Je suis conscient que ça ne va pas être la portion la plus agréable de mon voyage mais au moins, c’est tout droit et c’est plat !! 🙂

Je quitte donc Chiclayo avec un vélo tout propre (cf épisode précédent). Le décor a radicalement changé ces derniers jours. Les montagnes des Andes ont maintenant laissé place à des dunes de sable à perte de vue.

J’ai le vent plutôt de face, légèrement de côté (il vient de l’océan) ce qui rend la progression éprouvante psychologiquement. En revanche, l’état des routes et le relief inexistant permettent de parcourir plus de 100km par jour.

Après trois jours, je décide de passer à la vitesse supérieure et tenter des étapes de plus de 150km pour arriver plus rapidement à Lima. Mais attention aux incidents de parcours. En effet, c’est entre Chocope et Chimbote que je connais ma première crevaison. Sur la fin de cette longue étape, je me faisais la réflexion que je n’avais pas beaucoup de temps pour arriver avant la nuit, et c’est exactement ce moment qu’a choisi mon pneu pour me rappeler qu’il n’était qu’un pneu ! Je suis d’abord dérangé par un bruit au niveau de la roue arrière, quelque chose semble s’être accroché et vient maintenant taper dans le garde-boue. Alors que je m’arrête, j’entends le pire des bruits que peut entendre une oreille d’un cycliste esseulé à 40km d’une ville : de l’air qui échappe !! Un rapide coup d’œil et là, la vision d’horreur : un énorme clou avait littéralement traversé mon pneu. Avec ce clou parfaitement entré et sorti, le pneu avait même mis quelques secondes avant de comprendre qu’il avait été lâchement attaqué 🙂 Mais quatre secondes supplémentaires suffiront à le vider totalement!

Il est 16h, j’ignore le temps dont j’aurai besoin pour les réparations. Je décide donc de faire du stop. Une camionnette s’arrête, elle transporte des bouteilles de gaz et se rend comme moi à Chimbote. Je monte donc à l’arrière avec toutes mes affaires et c’est parti pour un petit trajet entouré par des dizaines d’étiquette de tête de mort !!

J’ai hésité à donner un petit quelque chose aux deux conducteurs pour les remercier. Ils ne voulaient qu’une chose : un selfie !! 😉 Ça tombe bien : c’est gratuit.

Je me retrouve à Chimbote avec un vélo pour l’instant hors d’usage. La nuit est déjà tombée ; le lendemain, je pars donc à la recherche de chambres à air. La ville est grande, je devrais trouver rapidement. Je déniche enfin un magasin de vélo mais impossible de mettre la main sur des modèles avec une valve presta (« camaras allemanas », chambres à air allemandes comme dit le vendeur). J’en serai quitte alors pour réparer ma chambre à air doublement trouée ; incapable de trouver un pneu non plus…

Le soir même, sur conseil d’un habitant, je décide de prendre un bus pour rejoindre le parc de Huaraz dans les Andes au nord. Arrivant le lendemain matin, je me lance sur un circuit assez fréquenté pour atteindre la laguna 69 (quel joli nom exotique…). La randonnée n’est pas forcément exigeante au détail près que l’altitude est située entre 4000 et 4700m. J’arrive en haut vers 15h non sans difficultés (je réalise alors que 12h auparavant, j’étais à près de 0m d’altitude. Pas très malin…).

Une fois rentré à Chimbote le lendemain, je reprends la route vers Lima, j’y arriverai quelques jours plus tard. Je dois entre autres me mettre à la recherche d’un pneu de rechange et de chambres à air adéquates. J’ai également l’idée folle de dénicher un panneau solaire en prévision des endroits isolés de l’altiplano. C’est très difficile car ma requête est très spécifique et les produits importés sont rares au Pérou. Après un jour et demi de recherche dans toute la capitale, je finis par trouver mon bonheur : en cherchant sur internet, je tombe sur un avocat, ancien ingénieur reconverti dans le conseil en propriété intellectuelle (ça, c’est ce que j’ai compris…) qui avait également une activité de vente de chargeurs solaires. Pourquoi ? je n’en sais rien ! ^^ mais il se trouve que que j’ai du me rendre dans un cabinet d’avocat dans un immeuble assez cossu en tenue degueu (il faut dire les choses…).

Quittant Lima assez tard, j’aurai juste le temps de rejoindre Punta Negra, où les bomberos particulièrement accueillants m’hébergeront. Un jeune pompier, Eduardo, très sympa me fait visiter toute la caserne, je me suis retenu de demander à tester la sirène 🙂 Etant lui-même passionné de vélo, il me pose des tas de questions sur mon voyage ; à mon départ le lendemain, il me jure qu’il organisera également son propre voyage. C’est également lui qui me conseille d’aller faire un tour à l’oasis de Huacachina une fois arrivé à Ica.

Le lendemain, en me rendant à Ica je rencontre une famille française qui voyage en camping-car depuis l’Alaska avec pour but de traverser les Amériques.

http://autourdelorangebleue.com/

Plus d’informations sur le site http://autourdelorangebleue.com/

Ica marquera la fin de ma portion panaméricaine. En effet, je vais ensuite faire cap sur Cusco à travers les Andes que j’avais abandonnées au Nord du pays. Mais avant, Je ne manque pas d’aller faire un tour du côté de Huacachina, une oasis située à 20min à vélo. La réceptionniste d’un hôtel de luxe accepte gentiment de surveiller mon vélo et je me lance dans l’ascension d’une des nombreuses dunes qui entourent la lagune. Malgré l’attrait très touristique du site, je recommande vivement cette petite escapade. La vue du désert qui semble s’étendre infiniment est assez magnifique. C’est assez touristique et le bruit des quelques excursions en 4×4 peut être un peu gênant mais une fois partis, tout redevient calme.

L’après-midi même, je me lance alors sur la première route qui semble mener à Cusco…