17 – Aux portes de la Patagonie

Arrivé à Mendoza, une ville touristique connue notamment pour ses vins, je vais y rester deux jours notamment pour planifier la suite du voyage. Mon avion part de Buenos Aires dans trois semaines (non négociable, ma rentrée de césure académique n’attendra pas!)

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Trois semaines semblent très peu pour atteindre Ushuaia. J’envisage alors de m’avancer en bus ou stop sur des portions monotones. Les compagnies de bus refusant le chargement d’un vélo, j’envisage alors le stop.

Dès ma sortie de Mendoza, je tente ma chance auprès des routiers à une station service, mais très peu vont dans le sud, la majorité transitent vers le Chili. Un couple accepte de m’avancer en pickup jusqu’à San Rafael, je poursuis à vélo jusqu’à General Alvear. Je comprends que le stop est beaucoup trop aléatoirement pour courir le risque d’être perdu dans une zone très peu empruntée. Je renonce alors à l’idée du stop et donc de rejoindre la ville la plus australe du monde. J’envisage alors de poursuivre à vélo comme je l’ai toujours fait depuis le début et d’atteindre la ville de San Carlos de Bariloche pour terminer mon périple par la route des sept lacs que l’on m’a conseillée.

J’entame donc un demi tour pour rejoindre la route 40 en passant par la ville de Mallargue, une ville touristique orientée sports d’hiver. De nouveau sur la route 40, je fais étape dans le village de Bardas Blancas dans lequel se trouve une petite école. Je vais demander à la responsable où il est possible de dormir. L’école étant en pleine activité, il ne m’est pas possible d’y dormir, on me dit qu’il est possible de dormir dans le petit centre médical à côté. Les professeurs me proposent en revanche de rester le soir pour le diner. Je mange alors à la table des professeurs, les élèves sont une trentaine environ. On m’explique que dans les écoles rurales argentines, les élèves sont en internat et on alterne deux périodes : deux semaines complètes (des horaires soutenus tous les jours y compris samedi/dimanche) pour le collège puis de même pour le primaire. Entre temps, les élèves sont en vacances pour se reposer des journées intensives. Après le diner, les élèves consacrent une bonne heure avec leurs professeurs aux préparatifs d’une sorte de kermesse. La responsable me donne le mot de passe du wifi en me demandant de pas le communiquer aux élèves 😉

 

Après encore une étape via Ruta Ranquil, où je pourrai dormir au poste de police, j’arrive à Chos Malal, c’est là que je vais commencer à connaitre un climat plus humide, je n’ai pas vu la pluie depuis des mois déjà ! Dans la ville, je loge en auberge de jeunesse, le lendemain matin très tôt, je me lance sur une étape très longue : 158km jusqu’à Las Lajas, rien entre les deux villes ! Pas de chance, à peine parti que la pluie commence donc à tomber. Pluie qui commence à se transformer en neige !! La journée fait à peine de commencer que je suis déjà presque trempé et gelé :/

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La pluie se transforme en neige

Devant la bonne centaine de km qu’il reste, je craque et je commence à tendre le pouce à l’approche de n’importe quelle voiture, le problème étant qu’on me répond souvent par des pouces en l’air !! ^^ Un pickup de la police finit par s’arrêter, ils me disent qu’ils peuvent m’avancer d’une quarantaine de km, c’est déjà super 🙂 Après ce coup de pouce, il me reste 85km ; j’ai rapidement les pieds de nouveau bien trempés et glacés. Heureusement, la fin de journée est plus sèche et moins froide. J’arrive en fin de journée à Las Lajas très fatigué et extrêmement soulagé. Je suis encore à 300km de San Martin de los Andes qui marque le début de la belle route des sept lacs. La météo prévoit de la pluie dans deux jours et j’aimerais profiter d’un climat sec pour cette dernière étape. Je me fixe l’impossible objectif de faire les 300km en un jour et donc recourir au stop. Ce sera un (semi-)échec, Après la ville de Zappala, un gaucho (prononcer « ga-ou-cho » ^^ : gardien de troupeaux) me propose de m’avancer sur une vingtaine de km. Je campe ensuite à deux pas de la route, le matin un 4×4 de police s’arrête pour avoir si tout va bien. Ils acceptent de m’avancer, m’épargnant alors 50km de pédalage vent de face.

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Sergio et Cesar

Arrivant donc à San Martin en même temps que la perturbation, j’y resterai deux jours le temps que la pluie cesse avant de me lancer sur la route des sept lacs.

Cette route de 107km reliant San Martin de los Andes à Villa la Angostura longe de nombreux lacs dont sept principaux.

 

La route des sept lacs se terminant au lac de Nahuel Huapi dans la ville de Villa la Angostura, il me restera un jour de voyage le temps de contourner le gigantesque lac pour rejoindre San Carlos de Bariloche.

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Après cinq mois et demi de voyage, je clos mon périple en Amérique du Sud. Ayant opté pour le vélo dans l’espoir que cela me permette de découvrir le continent de la meilleure des façons, je ne regretterai jamais ce choix de locomotion et je mets un terme à cette aventure avec la sensation d’avoir satisfait mes attentes sur un voyage que j’avais peur à tort d’idéaliser et dont je garderai des souvenirs inoubliables.

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