Me voilà arrivé à Cuzco, la célèbre capitale de l’Empire Inca, perchée à 3400m d’altitude. J’y resterai trois jours, notamment pour me préparer pour la Bolivie qui nécessite bien plus d’organisation et d’anticipation.
La visite du Machu Picchu est bien entendu tentante malheureusement les quelques voyageurs que j’ai croisés me l’ont déconseillée car depuis quelques années, le site est tristement devenu une véritable usine : 3000 visiteurs quotidiens, des prix exorbitants, un guide obligatoire pour tenir en laisse les visiteurs par petits groupes de vingt et une durée maximale imposée de quatre heures. Bref, un énorme contraste par rapport à la liberté de mon voyage.
Néanmoins, la ville de Cuzco, bien qu’assez touristique est très agréable. Sur conseil de blogueurs, je décide de loger dans l’auberge La Estrellita qui semble être devenue un lieu de rencontre pour les cyclo-voyageurs, quasiment tous européens. L’auberge est constituée d’une cour entourée par deux étages de chambres. Dans le petit patio, il y a beaucoup de passage et d’activité. Trois françaises voyageant depuis cinq mois pour sensibiliser au problème de l’accès à l’eau sont attablées sur l’unique mètre carré de wifi et mettent à jour leurs réseaux sociaux ; à côté, un couple franco-allemand prépare la suite de leur voyage ; le cadet de l’auberge, un écossais de 19 ans, tout juste arrivé commence lui à décharger ses sacoches ; plus loin dans un coin, un couple allemand ayant opté pour des FatBike est actuellement occupé à entretenir leurs gros pneus ; enfin loin dans un coin (suffisamment loin…), un roumain s’est mis en tête de remplir sa bouteille de gaz non prévue à cet effet. De nombreux profils donc et une véritable aubaine pour recevoir des conseils de tout type (état des routes, climat actuel, questions d’équipement etc… – j’ai tout de même préféré acheter une vraie bouteille de gaz…).
Avant de partir, je dois faire quelques achats. Passant devant une ferreteria (quincaillerie), je décide d’acheter des serres-câble pour attacher mon tout nouveau porte-drapeaux. J’éprouve évidemment quelques difficultés à formuler ce que je cherche. S’ensuit alors une véritable partie de Time’s Up en espagnol puis finalement un Pictionnary =D. Je dois avouer que j’ai commencé à douter de mes talents de dessinateur quand la gérante m’a d’abord tendu une clé à mollette. Mais la persévérance finit toujours par payer !! La gérante me montre enfin ce que je souhaitais, et m’avoue en rigolant que de toute manière elle ne connaissait pas le nom.

Je vous mets au défi de dessiner un serre-cable ou mieux, de décrire l’objet en espagnol !!
Je pars alors de Cuzco enfin prêt pour affronter la suite : direction le lac Titicaca ! Dans deux ou trois jours, c’est la Bolivie !
Les Andes laissent alors progressivement la place à des paysages de pampa. Un dernier col péruvien m’attend avant de pouvoir enfin parler d’altiplano. Sur la route menant au col, je
Départ matinal le lendemain, mon objectif est d’arriver à Juliaca. Après une énorme ligne droite dans la pampa, j’arrive très fatigué à Juliaca. C’est une très grande ville, difficile de trouver de quoi se loger à peu de frais. Je déniche un hôtel pas trop cher. On me propose une chambre moins chère. Comme toujours, pas facile d’aller vérifier sans laisser mes affaires. J’accepte alors, mais je demande bien s’il y a une salle de bains (banos) ce à quoi l’employé me répond « Claro » (« bien sûr ! »). Mouais… c’est ce jour-là que j’ai compris que banos signifiait toilettes et non salle de bains. Il n’y avait pas douche… alors que bon, je n’aurais pas dit non 🙂
Le lendemain, la route est assez dangereuse, beaucoup de traffic et de collectivos (minibus). Je me retrouve le soir dans une petite ville : Huacané. Durant toute la soirée, j’ai le droit au concert gratuit des chauffeurs de collectivos qui rentrent à Juliaca et qui le font savoir pour alerter les intéressés. Le refrain c’est trois fois « Juliaca » (prononcé « Rouliaca »). Et c’est tout, il n’y a pas de couplets. 9 syllabes monocordes : 8 croches et une longue blanche : « Juliaca, juliaca, Juliacaaaaaaaa ». Les chauffeurs ont toutefois l’élégance d’hurler chacun leur tour pour éviter de rendre cette chanson insupportable totalement insupportable 🙂
C’est décidé, ce sera par le nord du lac Titicaca que je rejoindrai la Bolivie. A mesure que le fameux lac approche, comme un enfant je sens l’excitation monter. Un dernier virage et ça y est : la route vient coller l’immense lac. Petite émotion 🙂 De l’eau à perte de vue tel un océan. Sur cette rive, le traffic est inexistant, la route est toute à moi et je profite de la vue. C’est parti pour près de 200 km de littoral 🙂
Je m’approche enfin de la frontière entre le Pérou et la Bolivie qui se situe environ à mi-chemin du lac. Je passe d’abord par le petit village frontière coté péruvien : Tilali. Malheureusement je devrai attendre pour mon tampon : il est 16h et le poste est fermé. On m’informe qu’il rouvrira à 8h du matin. Le lendemain matin, à la vue de l’ouverture des portes depuis ma fenêtre, je me précipite. Une fois le vélo chargé, je me rue vers le poste mais le douanier a déjà pris sa pause ‘petit-dej’ !! ^^ on me dit alors d’aller le déranger au café. Très sympathique, il revient alors tout de suite sans me faire attendre. Le passeport tamponné, je franchis le poste de contrôle et un no man’s land de 15 km m’attend avant de rejoindre la Bolivie.
Arrivé à Puerto Acosta (le village frontière côté Bolivie), mon réflexe est d’acheter à manger mais je dois d’abord échanger mes soles en bolivianos. Problème, le village est très petit, donc pas de banque. Je n’ai absolument aucune idée du taux de change et bien sûr pas d’accès à internet. J’ai quelques infos au fond de mes sacoches, mais ça ferait désordre de tout décharger et j’ai faim !! Je décide donc de faire confiance à des locaux. Un homme accepte sans hésitation de me dépanner sur 10 soles (3€) en me donnant 20 bolivianos. Je n’ai alors aucun semblant d’idée de l’intérêt de cet échange ; dans le doute d’une grosse arnaque, je tente de garder un peu de contrôle en montrant être peu satisfait du taux proposé. Je me rends compte alors avec du recul que ça n’avait strictement aucune utilité ! En effet deux possibilités : soit l’homme est honnête et c’est donc un peu vexant puisqu’il me rend service soit il est conscient que je suis à l’ouest et décide de m’arnaquer avec un rapport 10 et ma petite moue de désapprobation devient alors parfaitement ridicule !! Mais de toute manière, je me rendrai compte plus tard que c’était plutôt honnête (le taux officiel étant de 1 SOL = 2,1 BOL) et j’ai d’ailleurs la confirmation quelques instants plus tard, en payant un repas 6 BOL (0.70€) dans un petit restaurant. Au poste de contrôle bolivien, le douanier accepte également de m’échanger pour 10€ de bolivianos et me dit que la prochaine banque est à 20 km. Je me rends alors au village d’Escoma, malheureusement le distributeur ne semble pas fonctionner et la banque est fermée. Il se trouve qu’une fête a lieu et certains locaux me proposent des verres de bière. Ils parviennent (oui!) à me dire que la prochaine banque est à La Paz. Donc trois jours avec environ 10€. Je me rendrai alors compte que c’est tout à fait possible sans efforts (avec même une nuit en auberge).
En raison de la fête, les auberges de ce village sont remplies, je décide alors de me rendre au prochain village (Carabuco) mais il n’y a pas d’auberges. Le poste de police est fermé, on me conseille de demander à un couvent du village où les sœurs ont l’habitude d’héberger les voyageurs. Tambourinant la porte de fer en pleine nuit, personne ne vient à ma rencontre… Finalement, un père de famille me propose l’hébergement. Comme toujours, j’écoute mon instinct et j’accepte. Deux parents et une petite fille, c’est toujours rassurant. Je me méfie néanmoins car on m’avait prévenu que les boliviens demandaient de l’argent le lendemain matin. Je m’en suis voulu d’être mauvaise langue car ils ne m’ont rien demandé. Peut-être ont-ils espéré que le jeune gringo que j’était ait l’idée de payer mais de toute manière je n’avais plus grand chose
Deux jours plus tard, j’arrive enfin à la Paz (la capitale économique de la Bolivie, la vraie capitale étant Sucre). Je décide de m’arrêter à El Alto à 4150m d’altitude pour éviter de descendre à La Paz 500m en dessous, car il faudra remonter après 🙂